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Introduction à la commission d’étude sur la mondialisation et la taxe Tobin.

La mondialisation est un phénomène complexe, évolutif, très mal connu. Tous ceux qui veulent se positionner utilement à son égard doivent contribuer à l'étudier, sans préjugés méthodologiques ou autres.

 

Le phénomène « Mondialisation », situe le système au plan de la géostratégie : les réseaux et les acteurs s'insèrent dans le monde de la géographie et de la politique. (Quand on y réfléchit, il est étonnant de parler de mondialisation alors qu'à peu près les 4/5 du monde demeurent encore en dehors du phénomène.) « Globalisation » est plus général. Au sens large, on pourrait dire que la globalisation couvre l'ensemble des évolutions biologiques voire physique.)

Pour une analyse plus en profondeur de ce qui se cache sous le thème de la mondialisation, je vous propose d’examiner les formes prévisibles de l'hégémonie américaine, ou « rêve américain », d'abord, les réactions systémiques susceptibles d'être induite par la mise en place de cette hégémonie, ensuite.
Le rêve américain ne résulte pas seulement d'une conjonction de facteurs favorables, dans un processus de course à la super-puissance engagé dès la première guerre mondiale. Il résulte aussi d'une volonté délibérée, mais principalement confidentielle, des décideurs publics et privés américains pour se donner les moyens durables de cette hégémonie. On pourrait suggérer ici que si les Pouvoirs Publics nationaux et européens n'affichaient pas des intentions très fermes de résistance, appuyées par une véritable mobilisation des moyens nécessaires, la tendance générale, tant des entreprises que des individus, serait de rejoindre le giron américain, en essayant de profiter au mieux des retombées de leur situation dominante. On s'inquiète du désordre et des contradictions résultant des explosions de violence, comme lors du sommet de Gènes. Mais c'est ne pas avoir compris précisément les nouvelles voies par lesquelles se forgera une opinion publique mondiale (universelle) aussi responsable que possible. On doit espérer également que, du désordre actuel –momentané- et conflits des opinions, pourront naître des idées originales qui manquent souvent encore. A nous de faire émerger des idées fortes.

Ce débat présente au moins trois dimensions :

 

1. le principe de la taxe Tobin, dont même un spéculateur aussi confirmé que M. George Soros a publiquement reconnu la nécessité et, compte tenu de son savoir faire en la matière, donné un brevet de faisabilité. Avant sa généralisation à l’ensemble du monde, l’Union européenne constitue-t’elle le cadre pertinent pour une première étape de la mise en œuvre de cette taxe ?

Selon James Tobin, prix Nobel d'économie, une taxe internationale uniforme de 0,05% sur les transactions en devises, serait extrêmement dissuasive pour les spéculateurs qui effectuent plusieurs allers-retours par semaine, voire par jour, d'une monnaie à l'autre. Quels effets, ce « grain de sable dans les rouages" bien huilés de la finance internationale peut-il avoir, dans le processus de le mondialisation ?...(Les recettes potentielles seraient considérables ( environ 15 milliards de dollars par jour) permettraient de financer des programmes utiles, sur les plans économiques, social et écologique à l'échelle nationale et internationale).

 

2. les conditions politiques à sa "mise en oeuvre" : la nécessite de dégager un accord entre un certain nombre d'états. Les hommes politiques et les représentants des grandes institutions doivent-ils s'engager davantage ? Les institutions publiques ne peuvent certes prendre de positions à la légère. Néanmoins la prudence actuelle, consistant en fait à fuir les problèmes en évitant de les évoquer, est-elle excessive ?

 

3. et la faisabilité technique.. De quelle nature sont ces « obstacles techniques » souvent invoqués pour écarter la mise en oeuvre de la taxe Tobin?
L'idée va à l'encontre de tous les grands principes néolibéraux - réduction des impôts, poursuite de la libéralisation financière, retrait des pouvoirs publics - qui font l'objet d'un vaste consensus et sont ardemment défendus par les gouvernements, les grandes institutions financières privées et l' establishment de la profession économique. Tous ont intérêt à souligner l'absence de solution de rechange et l'impossibilité d'une autre politique en matière de flux financiers. On comprend mieux ainsi les efforts déployés pour enterrer la taxe, ou à tout le moins pour en faire une présentation tendancieuse. Mais les obstacles sont-il seulement d'ordre politique ?

Jo. R. Député-Maire

 

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